• Topo Albaron (3637m)

    Albaron (3637m)

    depuis Côte Rouge (Alpage de la Buffaz), 2320m

    dénivelé cumulé : 1317 mètres

     

    Albaron

     

    "C'est tout bon, la cordée de cinq personnes est composée, nous allons à l'Albaron jeudi prochain." Ces paroles aussi heureuses qu'inattendues, prononcées par le guide Laurent BONIFACE, provoquent une décharge en moi : une décharge de joie ! Ça y est, c'est enfin bon, je retourne sur un Glacier, et pour gravir un des plus prestigieux sommets de Savoie, une icône des Alpes Grées, cette haute montagne qui occupait mes pensées sur les bancs de l'école primaire entre deux séjours Haut-Mauriennais. L'Albaron... !

    En 2010, pour mes vingt ans, mes parents m'avaient offert une magnifique sortie Glaciaire avec un guide, et c'était à la Pointe Marie (3313m) (voir topo) que j'avais découvert l'alpinisme, avec Jean-Claude TRACQ.

     

    Pointe Marie

     

    En 2012 et 2013, je m'étais rapproché du bureau des guides pour réitérer l'expérience alpiniste, mais les mauvaises conditions glaciaires ainsi que l'absence de personnes intéressées pour compléter l'éventuelle cordée m'avaient contraint à abandonner le projet. En 2014, je passais beaucoup de temps avec celle qui allait me guider chaque jour dans mon existence, oubliant l'alpinisme au profit des hautes randonnées d'altitude. Ensuite, nos premières années de vie maritale et la naissance de Marmottine en 2017 ont provisoirement relégué les projets d'alpinisme au second plan, bien que je m'octroyai quelques magnifiques sorties en solitaire et que je formai toutes sortes de projets montagnards dans mon esprit imaginatif. En 2020, pour mes trente ans, l'alpinisme redevint une priorité estivale, et après des discussions finalement stériles pour participer au pèlerinage de Rochemelon (3538m) avec quelques locaux, je reprenais contact avec le bureau des guides de Bessans. La réponse de Laurent au tout début des vacances était la première étape d'une magnifique nouvelle expérience inoubliable.

     

    Grande Ciamarella

     

    Curieuse année que 2020 ! Virus, mortalité, confinement, crise financière et sociale, redéfinition des rapports humains,... Mais aussi la venue de Marmottinette, et donc l'ascension de l'Albaron, sommet très longtemps inaccessible pour mon esprit d'enfant et d'adolescent. Impossible is nothing ! Qualifié d'inconscient et d'imprudent par mes proches, soutenu seulement par mon épouse, ma fille et mon beau-frère, c'est rempli d'excitation, après une très courte nuit évidemment agitée, que je me réveille à 3h10 ce jeudi 6 août 2020, trente minutes avant le rendez-vous avec le guide Laurent et le reste de la cordée, dans le village de Bessans. Le petit tour dans le 4x4 de Laurent, qui n'est absolument pas propice au sommeil, nous emmène doucement vers le départ de la sortie grandiose qui s'annonce, au terminus du chemin interdit à la circulation. Il est 4h20 quand nous commençons à marcher, après avoir récupéré les derniers éléments du matériel nécessaire à la sécurité sur un Glacier. Un magnifique clair de Lune illumine tout particulièrement le Glacier de Charbonnel en face de nous, et les nombreuses étoiles scintillent plus que jamais dans le ciel magnifique. Le doux bruit d'une cascade au loin participe également à la splendeur du lieu et de l'instant.

     

    La lampe frontale allumée, c'est à la file indienne que nous avançons silencieusement derrière le guide qui connaît évidemment par cœur le secteur. Tandis que le jour se lève de plus en plus, nous effectuons la première pause au pied du Glacier du Grand Fond. Nous chaussons les crampons, nous nous encordons, et prenons pied sur le Glacier, à environ 2900m d'altitude.

     

    Glacier du Grand Fond

     

    Nous remontons le Glacier en rive droite. D'abord douce, la pente s'accentue ensuite, et nous arrivons sur une sorte de très vaste plateau Glaciaire peu raide. Un gros rocher apparaît, semblant être posé sur la Glace. Il s'agit en fait de l'Albaron lui-même, qui va s'élever au fur et à mesure que nous avançons sur le Glacier peu incliné.

     

    Albaron

     

    Nous avançons droit sur l'Albaron, visant la petite barre rocheuse à sa base que nous franchirons en y déposant les bâtons, inutiles sur la fin.

    Juste après la barre rocheuse franchie, le final se dévoile.

     

    Albaron

     

    Nous remontons cette raide pente de Glace,

     

    Topo Albaron (3637m)

     

    puis franchissons les cinquante mètres de rochers, passage coté III,

    dans lequel Laurent lui-même a installé voilà quelques années des prises pour s'aider utilement des mains.

    Encordés, les crampons aux pieds, assurés, nous franchissons derrière notre Guide le plus technique des

    passages qui montre que l'ascension de l'Albaron requiert un minimum d'expérience de l'alpinisme,

    et qui apporte à cette course grandiose encore un peu plus de magie et d'heureux souvenirs marquants.

     

    Albaron

     

    Albaron

     

    La descente de ces cinquante mètres sommitaux s'est effectuée "en moulinette", nous étions évidemment descendus par Laurent. N'ayant absolument aucune expérience de l'escalade, c'était quelque peu apeuré que j'écoutais ses explications et ses conseils. Lorsque ce fut mon tour de m'avancer vers le bord de la falaise, tandis que j'accrochais solidement la corde dans le mousqueton de mon baudrier avant la vérification de la solidité par le professionnel de la Montagne, je vis une partie de Bonneval sur Arc quelques 1800 mètres plus bas. Le fait de me retourner en laissant le vide derrière moi et d'imaginer faire ce petit pas en arrière qui me priverait de tout contrôle en me laissant suspendu très très haut me fit avouer à Laurent : "J'ai envie de chier !". Laurent me répondit qu'il était normal d'avoir peur, et me demanda juste de lui faire confiance. Confiance... Quelques secondes suffirent à m'encourager à sauter en arrière, ma vie confiée à cet homme et à l'équipement qui me reliait à lui. Magnifique leçon de vie ! Et quel soulagement ô combien apaisant d'entendre le Guide crier : "C'est bon !", m'invitant ainsi à décrocher la corde du mousqueton, les deux crampons et le piolet solidement plantés dans la neige dure du Glacier, en dessous des Rochers ! Une sortie inoubliable que celle de l'Albaron, vous dis-je !

     

    Albaron

     

     

     Présentons le panorama, évidemment grandiose, contemplé depuis le sommet de l'Albaron :

    Ciamarella

    Grande Ciamarella (3676m), Petite Ciamarella (3534m),

    surplombant le vaste Glacier des Evettes

     

    Pointe du Colerin

     


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