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Défaites
"En Montagne, il faut être humble", voici la règle d'or, la règle numéro un à respecter lorsque l'on est randonneur ou alpiniste.
Vouloir rejoindre un Sommet, un Col, un Lac, un Refuge, une Cascade, une Source... est un objectif sportif, et dans le merveilleux domaine du Sport, il y a le Courage, la Persévérance, la Motivation, la Force, la Victoire, la Joie, mais aussi la Défaite, l'Humilité, le Respect. Pour des raisons physiques, temporelles, météorologiques, psychologiques, on n'atteint pas toujours son objectif. Il ne faut pas vouloir braver à tout prix la Montagne. Celle-ci peut être plus forte que nous et rendre nos objectifs irréalisables. A nous d'être assez sages pour admettre la Défaite et en tirer les conclusions.
Voici quelques exemples personnels, qui relatent des défaites et des échecs expliqués, reconnus et analysés.
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Par Delgado19 le 10 Juin 2013 à 17:08
Tentative échouée
de l'ascension de l'Ouille d'Arbéron (3554m)
(abandon à 3022m)
depuis le Refuge d'Avérole (2229m)
dénivelé cumulé : 793 mètres
Samedi 24 septembre 2011. Avec mon père et mon frère, pour la première fois, nous décidons de passer un week-end en Haute-Maurienne dans le but de gravir un haut sommet à la suite de notre première nuit en refuge. Le Refuge du Vallonbrun étant complet, nous abandonnons le projet de la Pointe Sud-Ouest du Châtelard (3479m) (voir topo). Nous choisissons alors de gravir l'ascension inédite de l'Ouille d'Arbéron (3554m) et réservons notre nuit au Refuge d'Avérole pour le samedi soir.
Nous prenons la route dans l'après-midi du samedi, mangeons notre salade de coquillettes à Lanslevillard, accompagnés de la musique retentissante des cloches de l'église. A dix neuf heures, nous participons à la messe célébrée par le Père Rey, avant de prendre la direction des Vincendières, de laisser la voiture sur le parking à 1802 mètres, et de rejoindre de nuit le Refuge d'Avérole construit à 2229 mètres. Nous prenons soin de ne pas réveiller l'unique dormeur qui s'y trouve déjà, et nous rejoignons rapidement notre lit.
Le lendemain matin, vers six heures, le réveil sonne. Mais la pluie qui tombe dehors nous donne un coup au moral. Nous nous préparons, déjeunons, et attendons de voir l'évolution de la météo avant de prendre une décision. La pluie s'arrête, les plus hauts sommets se dégagent progressivement, saupoudrés d'une fine couche de neige. Nous nous mettons en marche en direction de l'Ouillle d'Arbéron, mais avec un certain retard par rapport à nos prévisions. Nous perdons à nouveau un temps précieux en cherchant la passerelle qui permet de franchir le Ruisseau d'Arnès, ce petit pont de bois démontable que j'avais aperçu de loin au retour de la Pointe Marie (3313m) (voir topo) l'année précédente. Nous longeons le Ruisseau dans les deux sens avant de comprendre que la passerelle a été enlevée. Traverser l'Arnès n'a rien de facile, nous devons trouver un endroit où la difficulté est moindre. Encore une fois, nous sommes retardés... Quelques instants plus tard, sur un sol humide et glissant, mon frère trébuche en franchissant un autre Ruisseau. Il se relève tout de suite, mais ses chaussures mouillées, tout comme une partie du pantalon, doivent le gêner. Néanmoins, il ne se plaindra jamais. L'ascension se poursuit, et après avoir encore perdu du temps à chercher l'itinéraire, nous arrivons dans des éboulis, passons à côté du Lac d'Arbéron à 2914 mètres, et rejoignons le Col d'Arbéron à 3022 mètres.
Nous sommes au pied de l'Ouille d'Arbéron :
Le sommet nous domine de plus de cinq cent mètres. Il est terriblement attirant ! Malheureusement, pour atteindre notre objectif, nous devons d'abord redescendre plusieurs dizaines de mètres, ce qui ajoutera encore du dénivelé positif à cette longue course. De plus, l'itinéraire n'apparaît pas clairement. Rejoindre l'arête Ouest semble compliqué. Nous estimons le temps restant à deux heures. Il est tard. Il nous faut retourner au Refuge d'Avérole, puis à la voiture. Mon père a encore trois heures de route. Après quelques instants de réflexion, nous reconnaissons notre défaite. Nous profitons de la splendeur du paysage ô combien sauvage, et c'est avec la gorge nouée que nous commençons à redescendre...
L'itinéraire final jusqu'au sommet, pas très évident :
Mais n'oublions pas la Majesté du Glacier du Baounet, magnifiquement isolé :
La Mascotte, le lapin Georges, qui reste associé à cette sortie intéressante :
Ouille d'Arbéron, sublime sommet, je reviendrai !
Une vidéo réalisée par mon frère relate cette journée exceptionnelle. Voici le lien.
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